Le réchauffement climatique en Pays de la Loire et ses conséquences régressives sur les conditions de la vie humaine sont aujourd’hui une réalité attestée par la communauté scientifique. Pourtant, la virtualité des études prospectives et leur horizon temporel relativement lointain renforcent le statu quo et n’encouragent pas l’action publique. Dès lors, se pencher sur la réalité territoriale, ses potentialités et ses vulnérabilités immédiates, en concert avec les acteurs locaux directement concernés, semble être un cadre plus propice à la définition de politiques d’adaptation.
Par rapport à la seconde moitié du 20ème siècle, une hausse de 5 à 15 journées chaudes en été sur le littoral, et une augmentation de 20 à 30 journées chaudes dans les terres sont déjà observées. Exempli gratia, si aucune action décisive d’atténuation n’est prise, la moyenne thermique de Saumur atteindrait d’ici la fin du siècle celle de Lisbonne aujourd’hui. L’élévation du niveau de la mer estimé de 28 à 98 cm, submergerait dans le pire des scénarios les 60 000 bâtiments et 3000 km de route situés sous le niveau marin, soit plus du quart du littoral atlantique. S’ajoutent au tableau les probabilités d’épisodes d’intenses sécheresses alternées de fortes précipitations, mais aussi d’aléas climatiques extrêmes (à l'image de la tempête Xynthia de 2010).
Source : Flood Maps à partir des données de la NASA
Ces changements sur le territoire auraient des impacts multiples : migrations, creusement des inégalités sociales, chute de la productivité économique, baisse des rendements agricoles, perte de biodiversité et risques sanitaires.
L’adaptation en Pays-de-la Loire : effets d’aubaine et pistes de (ré) invention
Les incertitudes et menaces climatiques, les enjeux de justice distributive intra générationnelle et intergénérationnelle, appellent à l’implication des populations dans les processus de décisions ainsi que la création d’outils, de technologies et structures innovants pour penser l’adaptation en fonction des réalités du territoire. Il s’agirait de passer d’une évolution par accident à une évolution par anticipation, à une transformation de modèle de société réfléchie de bout-en-bout. Cela implique d’approcher l’adaptation non comme un état d’ajustement, mais comme un processus transformationnel.
Comme le proposent les schémas ci-dessous, les besoins humains doivent se dessiner en fonction des ressources du territoire pour viser au développement durable, et non l’inverse. Il peut s’en dégager des effets d’aubaine. A titre d’exemple, le réchauffement climatique augmenterait l’attrait touristique de la région et impliquerait en amont une réorganisation durable de nombreux secteurs (transport, logement, etc.). Toutefois, ces effets d'aubaine doivent également être étudiés à la lueur des changements environnementaux qui se dessinent (par exemple, comment gérer une attractivité plus grande dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau).
Source : Guillaume Simonet, 2015
Différentes recommandations pour mener à bien la stratégie d’adaptation ont été soumises dans le rapport du Ceser de 2016 « Impacts des changements climatiques et mesures d’adaptation en Pays de la Loire », ainsi qu'à la suite des journées régionales "Changements cllimatiques : comment s'adapter en Pays de la Loire" en 2017 et 2019 (organisées par le Comité 21, le Conseil régional des Pays de la Loire, la DREAL des Pays de la Loire et la délégation régionale Pays de la Loire de l'ADEME) :
- La création de « GIEC régionaux », afin de mieux coordonner l’action politique et scientifique, et d’obtenir des informations plus précises sur les évolutions climatiques du territoire.
- Un outillage cartographique permettant la sensibilisation de la population aux impacts du changement climatique
- Un diagnostic de vulnérabilité destiné aux différentes filières économiques du territoire afin d’identifier les contraintes et les opportunités liées au changement climatique, mais aussi stimuler l’innovation et la compétitivité des entreprises
- L’élaboration d’une alliance régionale pour le climat, associant la région, l’Etat, les collectivités locales, les entreprises, les chercheurs, les syndicats, les établissements d’enseignement, les associations et les ligériens, afin de mieux coordonner et planifier les politiques d’adaptation et d’atténuation.
- La sensibilisation et l’éducation aux risques climatiques pour encourager l’évolution des comportements, l’émergence de dynamiques de projets collectifs sur le territoire et intégrer les méthodes de design thinking
- Le financement de l’innovation et de la recherche & développement pour répondre aux enjeux du climat
Le rapport de l’ONERC de 2017 « Vers un deuxième plan d’adaptation aux changements climatiques pour la France : enjeux et recommandations » apporte également d’autres pistes d’action :
- La réforme des outils de planification, des dispositifs de cartographie et des compétences territoriales pour renforcer la résilience des territoires. Cela en alignement avec les priorités définies dans le cadre d’action de Sendai (Stratégie internationale de réduction des risques de catastrophe)
- Concernant l’aspect littoral (spécifique aux Pays-de-la-Loire), diverses mesures sont recommandées, parmi lesquelles :
-Le développement d’une stratégie foncière intégrant les enjeux socio-économiques, environnementaux et culturels de la région
-La préservation des espaces côtiers, nécessaires à la résilience des milieux, à la protection des êtres humains et des biens.
-Repenser les modalités d’occupation des littoraux face aux évolutions du trait de côte.
-Mobiliser des outils réglementaires et financiers pour mettre en place des mesures d’adaptation des littoraux au réchauffement climatique
-Recenser et utiliser les retours d’expériences de projets internationaux relatifs à l’adaptation des systèmes littoraux.
> Pour aller plus loin :
Comité 21, Conseil régional des Pays de la Loire, ADEME – Cahier de restitution de la journée 2017 - "Changement Climatique : Comment d'adapter en Pays de la Loire ?"
NB : la synthèse de la journée régionale 2019 est en cours de validation et sera prochainement diffuser. Elle s’intéressera à la notion de production et de diffusion d’informations utiles au passage à l’action en matière d’adaptation au changement climatique.